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Lier et dénouer dans les arts du tissu. Un éclairage anthropologique sur l’évolution de l’identité des femmes dans le monde post-moderne.
Jacques LUCCIARDI, docteur en anthropologie, chercheur indépendant (Université de Nice, Sophia Antipolis)

Comme l’anthropologue, « funambule au bord du monde » qui relie des univers de sens et crée entre eux des traductions, la brodeuse avec son fil et ses noeuds, relie et crée des mondes imaginaires.
Il s’agit ici de voir, à travers l’évolution des représentations que se font de leur activité les femmes qui brodent, comment, du Moyen Âge à nos jours, coexistent deux « ontologies » (Descola) des rapports entre humains et non-humains : analogisme et naturalisme. Pour fixer les idées, nous prendrons appui sur l’analyse du tableau baroque Marie qui défait les noeuds de J.G.M. Schmittner.
Sur le terrain, en filigrane de la coexistence des deux ontologies, peut se constater, comme un invariant, une « ontologie » de l’image poétique (Bachelard, Affergan), attachée à toute oeuvre de création et au plaisir de la réaliser dans un contexte de convivialité.
Or, c’est l’imagination créatrice des brodeuses qui leur a permis de ne jamais adhérer totalement à un statut de soumission (à l’église, au pouvoir politique, à la mécanisation, au statut « d’esclave salariée ») et d’avancer vers leur émancipation.

Depuis jeune fille en passant par mère et aujourd’hui ?
Salomé DEBOOS, professeure d'anthropologie (LADEC / Université Lumière Lyon 2 - UFR ASSP).

Depuis 25 ans je me rends sur le terrain dans la vallée himalayenne du Zanskar. Arrivée jeune fille, un peu plus tard, c’est en tant que mère que je faisais du terrain. Aujourd’hui, les enfants zanskarpa m’appellent Abi (grand-mère). Dans le cadre de cette présentation j’expliciterai en quoi le changement de statut sur le terrain influe non seulement sur le recueil de données mais également sur ce que les personnes sur le terrain nous donnent à comprendre de leur construction personnelle et communautaire identitaire.

Un poupon « pour de vrai ». Essai sur le don d’enfant(s) aux Alasitas (marchés de la chance) en Bolivie.
Michèle CROS, professeure d'anthropologie (LADEC / Université Lumière Lyon 2 - UFR ASSP).

En Bolivie, sur les marchés des miniatures de la chance, tout est susceptible de se vendre et d’être acheté pour soi ou pour autrui : depuis les biens de consommation les plus courants jusqu’aux titres universitaires, sans oublier des liasses de dollars. Tout s’acquiert pour des sommes dérisoires. Avec la foi dans le pouvoir « germinateur » de ces miniatures, ces dernières pourraient finir par devenir réalité. Fin des années 90, à l’ethnographe sans enfant, il fut offert un poupon des Alasitas censé « devenir vrai ». À la grande surprise de la chercheuse, 9 mois après le don initial, un nouveau-né a vu le jour.
Lorsqu’elle revient en 2023 pour mener l’enquête sur ces marchés de la chance, elle présente des photos de cet ancien poupon devenu désormais jeune adulte. Travaillant sur des façons de faire dont elle a expérimenté dans sa chair la possible efficacité, l’observation menée s’en trouve dès lors merveilleusement facilitée.

Chercher des poux, trouver des données : enquêter sur les savoirs écologiques au Kiribati.
Christine AMBARD, doctorante en anthropologie (LADEC / Université Lumière Lyon 2)

Au Kiribati, les savoirs écologiques sont partagés par de nombreuses personnes. Cependant, leur pratique et diffusion sont soumises à des hiérarchies sociales que l’entretien formel, en tant qu’outil de collecte de données, ne fait que reproduire, laissant peu de place à l'expression des différents interlocuteurs. À partir de ce constat, cette communication vise à montrer les autres espaces permettant les échanges et notamment l’importance des temps informels pour l’enquête de terrain. Il s’agit plus spécifiquement du rôle du « temps féminin » (Zapponi, 2023), celui consacré aux soins du corps : le dépouillage.

Regard croisé homme / femme sur des parcours de vie et des histoires de famille de la migration et d’ailleurs.
Catherine DELCROIX, professeure émérite en sociologie (Migrinter - UMR7301 / Université de Strasbourg) et Daniel BERTAUX, directeur de recherche CNRS retraité.

Daniel Bertaux et Catherine Delcroix, partenaires dans la vie et dans leur recherche, travaillent depuis plus de trente ans sur les histoires de vie et parcours de migrants, parmi les apports majeurs aux sciences humaines et sociales, on leur doit d’avoir structurer et développé la méthodologie des récits de vie. Lors de ce séminaire, ils reviendront tout deux sur ce qui anime leur recherche aujourd’hui.